Ki tissa 5777
Dans la parasha de Ki Tissa, la relation qui unit Moshé rabénou à Hashem atteint son point culminant. Suite à la faute du veau d’or, la colère d’Hashem est telle, qu’il annonce à Moshé son intention de décimer le peuple juif. En se plaçant comme le défenseur d’Israël, Moshé va refuser la proposition d’Hashem consistant à réécrire l’histoire avec lui. Il ira même jusqu’à demander à ce que son nom soit effacé de la Torah, pour exprimer son opposition à la disparition de tout SON peuple. Nos maîtres établissent un lien avec le fait que le nom de Moshé n’apparait pas tout au long de la Parasha Tétsavé, ‘’comme’’ s’il s’agissait d’une sanction en conséquence de cette attitude osée à l’encontre d’Hashem.
Le Shem Mishmouel commente pour sa part cet incident en rendant hommage à Moshé Rabénou qui était prêt à sacrifier sa vie pour les autres juifs. Il a, selon cette explication, littéralement dépassé la dimension de son propre nom. Le nom d’une personne est une extraordinaire façon de désigner ce qu’elle incarne. Il arrive cependant que son comportement l’emporte sur son propre niveau. C’est notamment le cas de celui ou celle qui est prêt à donner sa vie pour le peuple juif. Renoncer à soi-même pour les autres.
Par la suite, lorsque la parole de Moshé sera prise en compte dans la décision d’Hashem, il demandera à voir Hashem. A ce moment apparait clairement l’intensité des rapports qui lient Moshé à Hashem. Mais, plutôt que de le voir, il pourra distinguer le nœud de ses Téfilines. Pour comprendre cette image, rappelons que dans toute relation il est possible de se positionner de deux façons. La première consiste à se placer côte à côte, regarder dans la même direction sans se voir. Je vois ce que l’autre voit, mais nos regards ne se croisent pas. La deuxième possibilité, c’est d’être l’un en face de l’autre. On découvre chacun un horizon différent, mais au premier plan chacun apparaît chez l’autre. Je ne vois pas ce que l’autre voit, mais nos regards se croisent. Nos maîtres sont clairs : la deuxième est idéale. Elle permet de toujours prendre en compte mon prochain, quel que soit la perspective captée par mon regard. C’est cet échange que cherche à établir Moshé avec Dieu. Mais il lui répond que le comble de la relation Hashem/Homme sera de regarder dans la même direction que lui. L’Homme peut et doit tout faire pour entrevoir ce vers quoi porte le regard du tout puissant. Il est impossible à l’être humain d’aller plus loin, de créer une familiarité qui dépasserait ce niveau de connivence. Voir ce qu’Hashem voit, c’est déjà ressembler à Moshé notre maître.
On réalise grâce à l’histoire de Ki Tissa que Moshé a atteint un tel niveau, qu’il s’est tellement rapprocher de l’Eternel, par le mérite de son amour pour le peuple d’Israël. Pour être proche d’Hashem il est essentiel et impératif d’associer l’accomplissement des Mitsvoth et de la Torah à l’amour d’autrui. Il nous a non seulement enseigné la Torah, mais également à être constamment concerné par les autres. Notre sort est toujours lié à celui des autres.
Shabbat shalom
Rav Yakov Sitruk