Devarim 5777

Le H’orban

Dès le début, le monde est un univers de création. Avant de décrire le contenu de ce monde, la Torah rapporte qu’HaShem a créé: « bereshit bara ». C’est une première, rien n’a jamais été créé auparavant. La notion d’existence fait son apparition.

De ce fait, le concept de « destruction » apparaît également. En effet, on ne peut détruire que ce qui existe. Si l’homme a pour mission de faire durer ce qui est créé, il devra résister à cette possibilité toujours réelle qui s’appelle détruire.

Si la création est explicite dans le verset, il reste à définir quel est l’événement au cours duquel l’humanité découvre la destruction. La Guémara dans le traité de Erkhin mentionne un Jour qu’elle qualifie de « yom H’ayav » (jour propice au châtiment). Comme si une prédisposition définie caractérisait depuis toujours cette date si particulière. Il s’agit évidemment du 9 Av. Lorsque les explorateurs racontent en revenant d’Israël ce qu’ils ont vu, ils déclenchent instantanément le phénomène de destruction contenu dans la création du monde. Nos Maîtres nous enseignent que leur faute se situe dans le récit de ce qu’ils prétendent avoir vu. Dans le livre de Ekha, alors que les chapîtres se succèdent dans l’ordre alphabétique, les lettres « ayin » et « peh » sont inversées. Ayin qui signifie l’œil est sensé précéder le Peh qui désigne la bouche. Mais les méraglim ont vu ce que leur bouche avait décidé de raconter. On comprend donc que leur défaillance provient de leur façon de percevoir et dans un deuxième temps de raconter.

On peut désormais observer que le principe même de la création dépend de la façon dont les choses apparaissent. L’outil créateur étant la parole, l’ordre des choses devient leur définition. Une parole, c’est une succession de lettres puis de mots dans un ordre très précis. Elle devient créatrice quand la combinaison est parfaite. Une « bonne » parole est une parole qui respecte cette règle. Il faut respecter l’ordre, le moment, le contexte, l’interlocuteur…. Pour être bonne voire créatrice, une parole doit remplir toutes les conditions. Tel est le sens du concept créer. C’est le début de la Torah, le démarrage de l’histoire du monde. Les explorateurs ont faillit parce que ces conditions n’ont pas été pris en compte. On était le 9 Av. Ce jour là, la destruction devient réalité. On ne pleure pas seulement la destruction du Beth Hamikdash, mais la destruction (h’orban) en tant qu’alternative à la création.

N’oublions pas toutefois que cela n’est arrivé que parce que le récit des méraglim avait trouvé l’oreille attentive du peuple juif. Ce que la bouche, la parole peut construire dépend de celui qui écoute. HaShem crée avec la parole, l’homme permet l’existence (fait durer) grâce à son écoute.

Ces deux notions capitales sont en fait à l’origine de l’existence et de la destruction. Bien parler, bien écouter….. sont des attitudes déterminantes. Elles contiennent l’essence même de la création racontée par la Thora.

Il apparaît alors clairement pourquoi la raison du deuxième H’orban est la haine gratuite. Le résultat de la parole et de l’écoute négative. On peux donc constater avec espoir que les choses dépendent entièrement de l’homme et de sa volonté à replacer les éléments dans leur contexte. La parole et l’écoute convenables nous permettront de voir très prochainement la reconstitution de Jérusalem et du Beth Hamikdash. Amen

Shabbat shalom

Rav Yakov Sitruk

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