Reeh 5777
Nous rentrons cette semaine dans le mois de Elloul qui n’est pas seulement le dernier mois de l’année, mais qui est surtout celui qui précède Rosh Hachana et Yom HaKipourim. Il est par excellence le mois de la Techouva.
Un mois de la Techouva ça veut dire, concrètement bien sûr, un certain nombre d’usages, de minhagim comme les Selihoth que l’on commence chez les sefaradim depuis le début du mois de Elloul et chez les ashkenazim quelques jours avant Roch Hachana.
Mais surtout c’est l’occasion pour tout un chacun de se remettre en question.
Et là-dessus une petite réflexion : en effet, de façon générale, l’homme a tendance à reprendre systématiquement ses habitudes, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Or, l’habitude prévaut comme étant l’arme essentielle du Yetser hara de son être. C’est-à-dire que l’homme est prévisible.
A partir de cette dimension, que l’on appelle dans la Kabala : « midat hadin », la logique implacable, l’homme qui a fait une faute va continuer à en faire une autre, l’homme qui a un défaut va continuer à le cultiver…
Le Zohar dit que la Techouva est tout simplement une rupture avec ce rythme, un réveil que les sonneries du chofar déjà quotidiennes visent à provoquer en nous, afin de nous faire prendre conscience que finalement la vie n’est pas qu’une simple habitude, elle n’est pas la reprise de ce qu’elle a été la veille, ni il y a un mois ou un an, mais nous allons quelque chose de neuf.
Se reconstruire, c’est là l’objectif de Elloul.
L’avenir a donné à nos vies une nouvelle dimension. Finalement, je crois que c’est ce que l’on peut définir comme étant la jeunesse. Un homme est jeune tant qu’il est capable de changer. Quelqu’un qui est vieux est celui qui a décidé de ne plus changer. Ca n’a rien à voir avec l’âge. On peut déjà passer dans la catégorie des vieillards quand on est très jeune. On peut par contre rester un jeune même s’il on est avancé dans l’âge.
C’est cette dimension là pour mieux la communiquer au peuple juif, à partir de la phrase si belle qui donne de Elloul :
« Ani lédodi védodi li », « Je suis à mon bien aimé, à Hachem, et mon bien aimé est à moi », un peu comme les fiançailles, comme une période qui démarre dans la vie et qui marque une ère nouvelle. Voilà ce que doit essayer d’être Elloul.
Evidement, ce voyage de noce auquel la Torah nous convie doit être décidé par nous. La date est une opportunité qui vient de la proximité plus grande, selon prophètes, de HaShem à l’égard du peuple d’Israël.
HaShem est comparé à un roi qui descend dans son royaume et qui se tourne vers ses sujets non seulement pour leur tendre la main, mais aussi pour exaucer leur demande. Il convient par conséquent de savoir quoi demander à HaShem.
Au lieu de lui demander davantage de bien-être, de confort ou d’argent, réfléchissons à ce qui peut véritablement nous permettre de changer.
Les Maîtres donnaient un machal en disant que ce roi a un jour trouvé un mendiant. Il était touché, s’est approché de lui et lui a demandé ce qu’il pouvait faire pour lui. Ce mendiant avait une poubelle pour domicile. Il s’asseyait dessus dans la journée, la retournait la nuit pour dormir dessous. A la demande du roi, le mendiant répondit qu’il voudrait une poubelle plus grande.
Ne soyons pas comme ce mendiant en demandant un peu plus de confort, un peu plus d’argent, un peu plus de bien être. Assurons-nous de prendre exemple sur la prière du Gaon de Vilna qui demandait à D… :
HaShem, donne-moi les qualités qu’il me faut pour TE servir : S’il me faut du courage, donne le moi ; de la santé, donne la moi ; de l’intelligence, donne la moi.
C’est ainsi que l’homme réussira à être ce qu’il devrait toujours être : un Serviteur de l’Eternel.
Profitons de cette période bénie pour se remettre en question et préparer comme il convient les rendez-vous du mois de Tichri, qui eux décideront bH d’un avenir radieux pour chacun d’entre nous. amen
Rav Yossef Haïm Sitruk zatsal