Lekh Lekha 5778
Notre réflexion hebdomadaire va s’ancrer sur un épisode raconté par la Torah, cette semaine, dans la parasha de Leh’ Léh’a.
En effet, elle nous raconte que dans la vallée du Jourdain, en particulier autour du Sodome, un certain nombre de roitelets, de petits rois se faisaient constamment la guerre (tiens déjà !).
Dans cette tourmente permanente qui agitait la région, Loth, le neveu d’Avraham est fait prisonnier alors qu’il habitait Sodome.
Apprenant la nouvelle, Avraham courageusement va le libérer. Les rois sont plus puissants que lui et plus nombreux, et pourtant Avraham gagne la guerre, libère Loth, et les vaincus, selon la tradition de l’époque viennent lui remettre l’intégralité du butin qu’il a gagné dans le combat.
C’est alors qu’Avraham décline leur offre en disant : « je ne prendrais même pas un fil ou une lanière de chaussure, pour ne pas que l’on dise : nous avons enrichi Avraham ».
La leçon qu’il nous donne ici est grandiose. En effet, pendant notre histoire, nous avons maintes fois entendu le mythe du juif qui s’enrichit aux crochets de la société.
A ce propos, Il y a un épisode que je voudrais vous raconter. Lorsqu’en 1981, François Mitterrand est devenu président de la république française, il y a eu au Musée du Louvres, un don effectué par un juif habitant l’Est de la France.
En première page d’un très grand quotidien français prétendu objectif, on écrivait alors : Mr untel, juif d’origine polonaise (vous noterez les détails) est venu s’installer en France et s’est enrichi dans notre pays. Il était donc légitime, ajoute le journaliste, que cet homme exprime sa gratitude à l’égard du pays qui l’avait enrichi.
Ces propos sont tout simplement scandaleux, d’autant que le monsieur en question, que j’ai par ailleurs eu le bonheur de connaitre, avait fait le don le plus important que le Louvres n’est jamais reçu depuis sa création.
Ce fut un événement extrêmement médiatisé. On avait juste retenu que ce monsieur était un juif immigré.
Voilà ce qu’Avraham avait compris : même si légitimement cet argent lui revenait, il n’en prendrait rien.
Ce faisant, Avraham nous donne une grande leçon de sagesse et surtout il incarne la notion de Kidouch HaShem, la sanctification du nom de D., envers laquelle chaque juif est responsable. Il se doit de réaliser à chaque instant que le monde entier le regarde, l’observe, le juge.
Par notre comportement, c’est celui de notre créateur qui est lui-même apprécié par le monde entier.
Ayons toujours conscience que nous représentons beaucoup plus que ce que nous sommes.
Voilà une des premières et des grandes leçons que notre patriarche vient aujourd’hui nous donner.
Rav Yossef-Haïm SITRUK zatsal