Ḥayei Sarah 5779
La Torah nous raconte les modalités d’acquisition par Avraham du tombeau de Sarah. On sait qu’Avraham a tenu à payer à prix d’or, au sens propre et figuré, un terrain qui était totalement inculte puisque rocailleux et ne servant qu’à des sépultures.
Mais Avraham y a tenu, certainement motivé par la prophétie qui lui faisait penser qu’un jour on viendra à contester à ses enfants la propriété de ces lieux. Malgré le prix payé, bien évidemment, les contestataires étaient là.
Réfléchissons sur un point, comme le fit en son temps, le Gaon de Vilna, qui s’interroge sur la somme de 400 sicles d’argent.
Se basant sur les sources de nos Sages, le Gaon arrive à la conclusion que le prix payé correspondait en fait à un emplacement qui pouvait contenir 600.000 personnes, soit la totalité du Klal Israël. Le prix du mètre carré y était encore différent de celui d’aujourd’hui !
En effet, le Gaon disait que lorsqu’un grand sage nous quitte, et Sarah qui était Echèth H’aver (épouse du sage), est considérée comme une personne ayant droit à cet égard, il devrait y avoir à ses funérailles 600.000 personnes, soit tout le Klal Israël.
Nous pouvons donner à cette explication un autre prolongement.
En fait, à Hébron, c’est tout le peuple d’Israël qui devrait pouvoir se tenir. Quelque part, Avraham a acheté cet endroit pour signifier que chaque juif y a sa portion d’espace.
Pour comprendre l’attachement que portait Avraham à cet endroit, on sait qu’Adam et Eve y étaient enterrés et qu’Avraham y a senti l’odeur du jardin d’Eden.
Quant à Efron, que l’on écrit en hébreu sans vav, son nom est issu du mot « afar », poussière, il n’y a vu que de la poussière. En fait, Efron vendait de la terre, Avraham a acheté une portion du Gan Eden. On sait également que Hébron, qui vient du mot « H’aver », unissant ce monde-ci et l’autre monde, telle une porte de passage pour accéder au Gan Eden. Ce H’ibour (lien) permet également à chaque juif de s’y sentir chez lui.
C’est pour cette raison que ce lieu est tant convoité.
Avraham l’a acquis pour sa femme, pour ses descendants, et la Torah dit clairement que c’est d’Itzhak que naîtra la descendance d’Avraham, donc pour le peuple d’Israël.
On comprend mieux à présent pourquoi Hébron est bien légitimement la terre du peuple d’Israël, et nous souhaitons sincèrement qu’elle le reste toujours. C’est pour notre part une certitude, que les événements ne feront que confirmer.
Mon père zatsa’’l disait que, régulièrement, chaque juif du monde entier devrait se rendre à Hébron pour comprendre et sentir ce qu’Avraham a respiré : l’odeur du paradis.
Shabbat shalom,
Rav Yakov Sitruk