Ythro 5779
Le concept ‘’Thora du Sinaï’’ désigne ce que les enfants d’Israël ont appris, mais aussi et surtout, ce qu’ils ont vécu lors de cet événement. Le Midrash, dans son récit du don de la Thora, précise qu’au moment où HaShem a prononcé les premières paroles des dix commandements, la nature s’est entièrement figée. Pas un animal n’a émis le moindre son, les océans étaient complètement immobiles, les humains étaient pétrifiés. Seule la voix d’HaShem résonnait en disant « je suis HaShem… ». On constate que l’existence d’HaShem a été reconnue à cet instant par le monde dans son intégralité. Ce silence est en fait l’expression de l’acceptation du premier commandement. Désormais, l’existence a un nom : HaShem.
D’après certains décisionnaires (Rambam, Ramban), les fondements de la Emounah reposent sur la croyance en Maamad Har Sinaï – expérience du Sinaï. Ne pas y croire reviendrait à tout remettre en question.
Les capacités intellectuelles de l’individu sont directement liées à son aptitude à suivre le développement d’un raisonnement. La cohérence d’une réflexion dépend donc de la Nékouda (point de départ) de l’idée. Une pensée détachée de son sujet initial sera considérée comme une élucubration. Comprendre ou réfléchir, c’est poursuivre fidèlement un cheminement. La Thora contient une multitude d’enseignement. Mais ils sont tous déterminés par le commencement de la découverte de son message. Cependant, le déclenchement d’une chose est généralement ‘’offert’’. Il ne demande d’effort, on nous le donne. Les étapes suivantes sont par contre dépendantes de l’investissement personnel.
La Mishna nous apprend que tout a démarré au Har Sinaï. Il y a dans cette maxime, comme un décret: ne pas oublier la Nékouda de départ ! La Thora ne sera comprise que par celui qui se resitue dans le contexte dans lequel elle a été donnée. Mais il sera nécessaire par la suite de fournir des efforts souvent extrêmes pour perpétuer l’enseignement. Voilà le mode d’emploi de la transmission. On a toujours beaucoup insisté dans les familles juives sur les traditions. Elles symbolisent parfois le contexte des choses à défaut de symboliser l’essentiel. Mais leur importance demeure la même. La séoudath Ytro pratiquée dans ‘’certaines’’ communautés en est un parfait exemple !
Il se trouve donc, que c’est dans le silence que le monde et les nations ont accueilli la Thora. Il est intéressant de relever l’enseignement qu’il faut en tirer. En effet, contrairement à ce que nous observons le plus souvent, plus le silence est respecté, plus l’événement est grand. Lorsque le monde environnant s’efforce de faire du ‘’bruit’’ pour ce qu’il considère comme important, l’expérience vécue au mont Sinaï démontre le contraire. Le don de la Thora a changé définitivement le monde, la nature, les peuples et surtout Israël ! La Création a compris qu’il n’y avait rien à rajouter, mais plutôt tout à comprendre.
Nous sommes souvent inquiets de l’écho provoqué par certains événements. On aime de par le monde crier, scander, invectiver en rugissant dans le but de faire le plus de bruit possible. Surtout quand il s’agit d’Israël. La Thora nous rassure : seul le silence définit l’importance d’une chose.
Shabbat Shalom
Rav Yakov Sitruk