Bamidbar 5779
Nous approchons à grands pas de la fête de Shavouot. Nos maîtres nous font remarquer la formulation de la Torah. Elle précise que cela se passe dans le désert. Ce lieu est synonyme de vide et d’absence. Ces deux conditions permettent notamment de tout envisager. Le vide se remplit de tout ce qui lui est opposé. Pour se préparer à cet événement, il y a lieu de faire un travail sur soi.
Les Midoth, les qualités humaines sont le terrain sur lequel la construction de l’individu par la Torah peut se réaliser. L’homme sans Midoth ressemble à ce désert à conquérir.
La Guémara, dans le traité de Sotta, nous enseigne que la période de la fin des temps s’accompagnera d’une perte des repères. Ce phénomène porte un nom, il s’appelle la Houtspa.
On pourrait traduire ce terme par insolence, effronterie ou sans-gêne. On va plutôt le définir comme étant le résultat d’une situation ambiguë. Le fait qu’un élément ne se situe pas dans le contexte qui lui convient. Une phrase déplacée. Une personne qui occupe la place d’une autre. Un acte commis au mauvais moment…
Dans un autre texte la Guémara cite pour expliquer ce concept, l’exemple d’un roi qui ne porte pas de couronne. Il occupe une place sans remplir les conditions adéquates. Il semblerait d’après cet enseignement que la période pré-messianique, les véritables chefs n’existeront plus. Il ne s’agit évidement pas de commenter l’actualité politique mais de définir ce qu’est vraiment un chef.
La couronne symbolise le lien qui unit la personne à ce qui lui est supérieur. Elle est posée sur la tête, symbole de grandeur et de hauteur. Lorsqu’il la porte, il est lié et rattaché à une dimension qui le dépasse. L’homme ‘’vaut’’ en réalité beaucoup plus que ce qu’il laisse apparaître. La question n’est donc pas de savoir qui sont nos chefs, mais sommes nous des chefs ?
Etre son propre chef implique d’être constamment affilié à ceux qui me précède, d’être rattaché à ce qui me dépasse ? Lorsque l’individu réalise cela ; il réalise ses véritables capacités. Il prend conscience du travail qu’il a à faire sur lui-même, mais également du terrain fertile qu’il incarne. Terrain sur lequel il pourra construire l’édifice magnifique de sa vie. Il pourra y semer les graines de la Torah qui feront de lui l’homme qu’il est capable de devenir.
Shabbat shalom
Rav Yakov Sitruk