TAZRIA – METSORA 5780

La période du Omer est particulière à plus d’un titre. Le fait de compter apparaît notamment comme une démarche pouvant être comprise de plusieurs manières. En effet, compter c’est d’une part additionner, ajouter pour obtenir le plus grand nombre. Se comporter en ignorant la limite, considérer qu’elle n’existe pas, ou qu’elle peut être repoussée. Paradoxalement, en comptant des choses ou des personnes, j’arrive forcément à un résultat qui devient par la force des choses une réalité figée et immuable. Est-on de ce fait condamné à penser qu’il y a un côté réducteur dans le fait de compter.


Il est des réalités qu’il nous faut accepter. Cependant, accepter ne signifie pas se résigner. La guémara raconte que lors de sa naissance, le nourrisson doit au préalable accepter un certain nombre conditions. On lui demande par exemple, de faire le serment et d’accepter la présence et le rôle d’Hashem. On dira en hébreu qu’il est « nishba », il jure. Ce mot présente une anomalie grammaticale. Nishba est censé être une forme passive du verbe conjugué et il n’existe pas de forme directe pour signifier la même chose.

On réalise alors que le fait de jurer en s’engageant à la naissance pour accomplir ce que prévoit le verset « tishava kol lashone » n’est pas une démarche active qui consiste à créer une nouvelle réalité. On n’invente rien en jurant, on est Nishba, on rejoint un état de fait déjà existant. Naitre, c’est intégrer une réalité existante en acceptant ses règles et ses principes. Après avoir appris la thora dans sa phase embryonnaire, le nouveau-né se joint à la dimension dans laquelle il rentre. Découvrir Hashem c’est finalement avouer et reconnaître ce qu’il est de toute façon. Avec ou sans moi. Cette découverte est en elle-même un engagement. On devient Nishba. Compter le Omer procède de cette logique. En comptant j’avoue et je reconnais en m’engageant simultanément. C’est un constat, mais qui n’a rien de réducteur. Je repousse les limites en les acceptants. Je ne définis pas choses, ce sont elles qui deviennent MA définition.


Dans le contexte actuel et ce nouveau mois de Iyar, l’urgence n’est pas de définir les choses et les évenements, mais de se redéfinir grâce à eux.


Que l’on entende de bonnes nouvelles. Je souhaite de tout cœur une bonne santé pour tout le monde.

Hodesh Tov Oumévorah’. Shabbath Shalom.


Rav Yakov Sitruk

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