Vayetse 5777
Apres la confrontation qui opposa Essav à Yaacov, nous assistons à la rencontre entre ce dernier et Lavan. On imagine aisément la difficulté que représente le fait de devoir persister dans des convictions tellement différentes des autres. Nous allons observer tout au long de cette histoire l’attitude de nos adversaires qui vont sans cesse tenter de nous déstabiliser afin de nous persuader de nos ‘’erreurs’’. Le Midrash considère que le Lets (moqueur) cité dans le livre de Mishlé n’est autre qu’Essav et son héritier Amalek.
La moquerie selon nos sages, est l’attitude de celui qui dénigre afin de minimiser l’importance, la valeur d’une notion ou d’une personne. En effet, plutôt que de devoir prouver à quelqu’un qu’il se trompe, il est plus facile de le dévaloriser, de déprécier ses choix ses opinions. On annule de ce fait toute notion de Kavod et de grandeur. Les règles sont abolies, les symboles disparaissent, et la voie menant à la liberté est ouverte.
Le premier à adopter cette conduite sera Essav. Quel intérêt d’être l’aîné demandera-t-il. Lui, homme d’action, celui qui sera défini par son père selon l’expression ‘’yadayim yédé essav’’ (caractérisé par l’action), est incapable d’attacher de l’importance à l’idéal, la croyance ou la conviction. Cependant, il ne la combat pas, il la discrédite. L’action représente dans le fonctionnement humain une étape accomplie, un problème réglé une tâche dont on est quitte, débarrassé ! Lavan quant à lui, exprime par son nom la couleur la plus ambigüe : le blanc est il couleur ou absence de couleur ? Vaste débat sur lequel certain H’ah’amim se sont penchés. Et de conclure : le blanc est un fond sur lequel toutes les couleurs apparaissent avec clarté. Ceci pourrait être une qualité unique. Permettre aux autres d’exister de façon authentique. Mais il y a danger ! Celui de ne pas être soit même significatif. L’absence d’opinion, pour toutes les accepter sans vraiment se positionner. Le résultat risque d’être le manque de respect et de considération pour les autres. Qui ne serait désarçonné en réalisant que celui qui lui donnait raison, approuve également les autres. C’est le piège qui guette le peuple juif dans sa confrontation avec les nations.
Shabbat shalom
Rav Yakov SITRUK