Balak 5777
Dans le monde en général, on entend dire : le temps passe. Ce qui voudrait dire que l’homme, par contre lui, reste. Dans la Torah, on dit le contraire. Le temps reste et l’homme passe à travers le temps.
Le Rav DESSLER compare l’histoire de l’homme à quelqu’un qui serait, par exemple, dans un autobus qui parcourt une ligne. Lorsqu’il arrive aux différents arrêts, il retrouve tous ceux qui y étaient précédemment.
Ainsi, dans le temps, lorsque nous parvenons à une date, tous les événements antérieurs qui s’y sont déroulés, auront en quelque sorte « imprimés » cette date. Le temps serait comparable à un support qui contient l’évènement.
Dans l’actualité, nous approchons à grands pas du 17 Tamouz. Cette date commémore la plus ancienne catastrophe de l’histoire d’Israël : la faute du veau d’or.
Elle aura, entre autres conséquences, la brisure des tables de la loi. Si la pierre sur laquelle étaient gravées les lettres a littéralement explosée au pied du mont Sinaï, les lettres se sont par contre envolées « dans les airs ».
C’est-à-dire que la Torah, privée de son support, devient illisible.
Cette perte de repères, est le plus grand préjudice de notre histoire.
Je voudrais y donner une allusion, en faisant remarquer que le mois de Tamouz commence par la lettre « Tav », dernière lettre de l’alphabet, et le mois qui suit, celui de Av commence par la première, le « Aleph».
La symbolique est claire: l’alphabet est à l’envers.
Les lettres, exprimant chacune l’une des valeurs du monde, se trouvent être dans le désordre. Et l’homme, lui-même, en grande difficulté. C’est l’équilibre de toute la création qui disparaît.
Et voilà, qu’en poursuivant un peu plus loin le cycle de l’année juive, le mois d’après, celui de Elloul, commence aussi par un « Aleph ». Il sera suivi de Tichri où l’on retrouve le « Tav ».
L’alphabet est donc revenu à l’endroit : de « Aleph » à « Tav ».
Qu’est ce qui a permis ce rétablissement ? C’est tout simplement le thème des mois de Elloul et Tichri : la Techouva, le retour.
Chacun d’entre nous a le devoir, dans sa vie, de revenir vers sa source qui est la Torah, message délivré par Hachem.
Quand ce cheminement a été emprunté, alors l’homme sait faire les bons choix.
Les prophètes annoncent une génération dans laquelle la techouva sera collective. Tous les membres du Peuple d’Israël reviendront alors au même moment vers leur source, et les choix seront décisifs.
Notre génération serait-elle dans cette mouvance de la recherche des repères, et donc du retour ?
Dans la parasha de Balak, la Thora fait état de cette civilisation qui cherche déjà à cette époque à se débarrasser d’Israël. Elle choisit pour y parvenir celui qui serait capable de maudire notre peuple. Mais en le voyant, il ne pourra exprimer que des Bérah’ot. C’est ce que les juifs inspirent quand on les regarde !
Souhaitons que ce mouvement s’amplifie et que cette quête d’identité devienne la priorité de tout le peuple juif.
Alors notre histoire, fondée sur ces valeurs, prendra son envolée messianique.
Nous en sommes si proches qu’il faut maintenant y croire.
Shabbat shalom
Rav Yakov Sitruk