Vaéth’anan 5778
Quelle « consolation » après Ticha Béav ? par le Rav Yossef Haim Sitruk Zatsal
Dès que le jeûne de Ticha bé Av s’éloigne, nous rentrons immédiatement dans la période de la « né’hama », la consolation. Le chabbat qui suit le 9 Av s’appelle en effet le « chabbat Na’hamou », et ce, même si entre les deux, il ne s’est rien passé dans l’histoire juive.
Alors en quoi sommes nous « consolés » ?
En fait, nous lisons lors de ce chabbat une haftara (texte prophétique) qui commence par l’expression redondante « Na’hamou, na’hamou ami yomar éloké’hem (…) [Consolez, consolez Mon peuple dit votre D.ieu] ». Or lorsque le Maître de l’univers nous fait une promesse, nous savons qu’elle n’est pas conditionnée mais que c’est une certitude – une havta’ha. Nous sommes donc amplement consolés par cette parole divine.
Dans le judaïsme, la consolation est donc une certitude que les événements passés – même les plus dramatiques – se transformeront un jour en bien… comme il en est de la disparition d’une personne dont Hachem a promis la résurrection, Lui qui « redonne la vie aux morts » !
De par cette affirmation, nous rentrons dans une autre dimension de la Torah qui est l’attente de ce qui va advenir. En effet, pendant les trois semaines qui viennent de s’écouler du 17 Tamouz au 9 Av, nous sommes passés d’un événement triste à l’autre et de drame en drame, en touchant le fond à Ticha bé Av.
C’est précisément lorsque nous sommes dans l’obscurité et la plus grande des difficultés que va germer le salut ! La tradition dit ainsi que le Machia’h naît dans les dernières heures du 9 Av pour signifier que la Rédemption advient toujours du sein de l’obscurité la plus totale…
Ainsi dit le prophète Samuel : « Ki échev ba’hoche’h Hachem or li [Quand je réside dans l’obscurité, D.ieu est ma lumière] ». Cette notion ne peut que nous rappeler le moment où en 1945, notre peuple exsangue sortait de la plus grande tragédie de toute son histoire depuis la destruction du Temple… Car qui aurait alors donné cher pour sa peau ?
Et pourtant, quelques années après, ce peuple renaissait de ses cendres ! Or il est à présent en passe de devenir ce que les prophètes ont décrit comme la « lumière du monde » (« Or nétati’ha leben hagoyim »), son but avoué étant de guider l’humanité entière vers les chemins d’Hachem.
La Né’hama, c’est donc tout cela !
Pour trois semaines passées dans l’affliction, nous nous dirigeons à présent vers sept chabbatot de consolation ! Car seule une personne rassérénée, rassurée et consolée peut aborder le jour du Jugement de Roch Hachana, le pardon de Yom kippour et la haute joie de la fête de Souccot. C’est qu’on aura su au préalable dépasser la tristesse et le désespoir qui auraient pu nous submerger…
En fait, le peuple d’Israël n’a pas une histoire « triste » : elle est certes parfois très difficile, mais elle débouche toujours sur le bien.