Lekh lekha 5779
Nous entrons cette semaine dans l’ère d’Avraham Avinou. Ce ‘’père’’ du peuple juif va incarner le sens de la relation, aussi bien entre l’homme et Hashem, qu’entre les hommes eux même, juifs et non juifs.
CLa parasha de Leh’ Léh’a nous raconte que dans la vallée du Jourdain, en particulier autour du Sodome, un certain nombre de roitelets, de petits rois se faisaient constamment la guerre (tiens déjà !). il existe donc un conflit entre les nations, qui ne concerne nullement Israël.
Dans cette tourmente permanente qui agitait la région, Loth, le neveu d’Avraham (Israël ?) est fait prisonnier alors qu’il habitait Sodome. Apprenant la nouvelle, Avraham va se battre courageusement pour le libérer. Les rois sont plus nombreux et plus puissants que lui, mais il gagne pourtant cette guerre et libère Loth. Les vaincus, selon la tradition de l’époque viennent lui remettre l’intégralité du butin qu’il a gagné légitimement dans le combat. C’est alors qu’Avraham décline leur offre en disant : « je ne prendrais même pas un fil ou une lanière de chaussure, pour ne pas que l’on dise : nous avons enrichi Avraham ».
La leçon qu’il nous donne ici est grandiose. En effet, pendant notre histoire, nous avons maintes fois entendu le mythe du juif qui s’enrichit aux crochets de la société. A ce propos, mon père zatsa’’l racontait un épisode qui l’avait beaucoup marqué. Lorsqu’en 1981, François Mitterrand est devenu président de la République française, il y a eu au Musée du Louvres, un don effectué par un juif habitant l’Est de la France.
En première page d’un très grand quotidien français prétendu objectif (je cite), on écrivait alors : Mr untel, juif d’origine polonaise (vous noterez les détails) est venu s’installer en France et s’est enrichi dans notre pays. Il était donc légitime, ajoute le journaliste, que cet homme exprime sa gratitude à l’égard du pays qui l’avait enrichi. Ces propos sont tout simplement scandaleux, d’autant que le monsieur en question, que mon père avait par ailleurs eu le bonheur de connaitre, avait fait le don le plus important que le Louvres n’est jamais reçu depuis sa création.
Ce fut un événement extrêmement médiatisé. On avait juste retenu que ce monsieur était un juif immigré.
Voilà ce qu’Avraham avait compris : même si légitimement cet argent lui revenait, il n’en prendrait rien. Ce faisant, Avraham nous donne une grande leçon de sagesse et surtout il incarne la notion de Kiddoush Hashem, la sanctification du nom de D., qui incombe à chaque juif. Il se doit de réaliser qu’à tout instant le monde entier le regarde, l’observe, le juge.
Par notre comportement, c’est celui de notre Créateur qui est lui-même apprécié par le monde entier. Avraham va changer le monde après les turbulences que l’humanité a connu, il va faire de l’homme le représentant d’HaShem. L’histoire d’Israël peut commencer maintenant que le juif sait qu’il représente beaucoup plus que ce qu’il est.
Shabbat shalom,
Rav Yakov Sitruk