Vayera 5779
Avraham, ce personnage à la générosité légendaire. Voilà un homme dont la vie n’est faite que de partage et d’amour. Sa maison est ouverte aux quatre vents, il partage ses connaissances avec le monde entier, il accueille, rassure et entoure ses proches mais aussi le monde entier. Le troisième jour de sa convalescence suite à la Mila, au lieu de se reposer raisonnablement, on le retrouve assis devant sa tente ne pouvant se résoudre à fermer sa demeure aux éventuels voyageurs. Il va donc mériter la visite de trois anges qu’il prend un moment pour des autochtones à la culture différente de la sienne. Il leur accorde malgré cela le même traitement qu’aux autres invités. La Thora nous raconte avec force détails cette réception et le dévouement des hôtes Avraham et Sarah.
On y apprend également la façon d’être généreux. Il y a par exemple cette expression qui nous surprend. Avraham invite ses convives à se laver les pieds comme de coutume. Il leur propose cependant d’utiliser ’’un peu d’eau’’. On est surpris. Il ne peut s’agir de mesquinerie de la part d’Avraham !
Comprendre les Midot de nos pères, nécessite de se pencher sur la façon dont ils exploitaient leurs qualités. Avraham, homme du H’essed ? Certes, mais de quelle manière ? Aimer est une sagesse, il faut l’apprendre. A la fin de notre Parasha, HaShem demande à Avraham de lui « sacrifier » son fils. Avant de désigner directement Itzhak, il dira : prends ton fils, celui qui t’est unique, celui que tu aimes. On imagine Avraham répondre qu’il a deux fils uniques pour leur mère et autant aimés.
L’amour est surement égal dans son intensité et sa ’’quantité’’. Mais dans les bénédictions qu’il prodiguera à ses fils, puis dans l’héritage qu’il leur léguera, on pourra déceler des différences considérables. Avraham aime autant ses deux fils mais de façon différente.
Nos Maîtres comparent l’amour à la lumière. Deux trésors qui subliment l’existence et transcendent les hommes. Mais voilà qu’à la création du monde, HaShem décida de garder une lumière cachée pour les justes de la fin des temps. Donc, celle dont nous jouissons et que nous avons le droit d’utiliser, n’est qu’une partie de l’originale. La lumière véritable ne peut être empruntée sans restriction.
Le sentiment est un capital ; mal investit, il est gâché. L’histoire de Sedom en est un exemple.
Lot apprend chez son oncle Avraham les valeurs fondamentale de l’amour. Elles vont cependant le mener vers la destruction. Pour une raison simple : il a aimé ce qui ne méritait pas de l’être. On ne peut se permettre de tout aimer. Et surtout pas de la même manière. L’amour mène l’homme vers le sommet, c’est le plus noble des sentiments. Il peut toutefois aussi le conduire à sa perte. On le trouve dans de nombreuses Mitsvoth, mais il est à l’origine de beaucoup de fautes.
La Thora nous ordonne d’aimer tout le monde mais pas nécessairement de la façon. De la même manière que le sentiment est spécifique à chaque personne, il est précieux lorsqu’il est canalisé.
Voilà pourquoi Avraham est l’homme du H’essed. Il possède le génie de cette qualité. Il sera l’exemple de la générosité en la distillant convenablement et intelligemment.
Savoir aimer, tout un programme !
Shabbat shalom,
Rav Yakov Sitruk