Pourim 5779
L’époque de Pourim et de la Méguila est celle des derniers prophètes de notre histoire.
Mordekhai va être, pour notre tradition, le premier Roch Yechiva. C’est en effet lui qui va créer le premier centre d’étude et qui va être celui qui prendra le relais des prophètes. A ce sujet la Guemara nous apprend : « Hah’am adif minavi », « le sage est supérieur au prophète ». Que nous inspire cette comparaison ? La Guémara Bérah’ot p 28. nous raconte que Moshé rabénou avant sa mort a demandé à HaShem : « Que deviendra la Torah après moi ? ». HaShem l’a alors en quelque sorte projeté dans l’histoire en lui montrant la génération de Rabbi Akiva. Il voyait ce maître enseigner la Torah devant une foule d’élèves et il assistait au cours avec un immense ravissement. Mais, il ne comprenait pas apparemment ce qui s’y disait.
Voila qu’à la fin du shiour, un élève pose la question « mais rabbi d’où sait tu tout ca ? » Et Rabbi Akiva de répondre : « halakha leMoshé miSinaï », nous l’avons appris de Moshé rabenou qui lui-même l’a appris du Sinaï. La Guemara conclut en disant : « Nah’ath daato shel Moshé rabenou», « Moshé rabénou a été rasséréné par cette remarque ». Il est clair qu’il ne fut pas heureux de voir que Rabbi Akiva lui attribuait son propre enseignement. Mais plutôt, que Moshé rabénou assistait à une démarche de la Torah qui était celle de la compréhension, et plus celle de l’intuition.
En effet, HaShem délivre un message au prophète qui le retransmet très fidèlement. Le H ‘ah’am, quant à lui, comprend un enseignement et l’explique. Quand Moshé rabénou a vu que le message qui était le sien par la prophétie, était capable de transiter via l’enseignement, il fut alors rasséréné. Il s’est dit que la Torah serait transmissible à toutes les générations. Depuis que les prophètes ne sont plus là pour nous transmettre le message divin, nous nous tournons vers les maîtres, les grands sages de la Torah pour qui nous le transmettent.
Notons également ce que dit Maimonide, Rambam, dans le deuxième livre du guide des égarés : le h’ah’am est doté du « rouah’ hakodech », « d’un esprit saint » littéralement, qui lui permet de pressentir les événements. Voila comment le Rambam exprimait ce don que la Torah donne à celui qui l’utilise de toutes ces forces, ses énergies, et avec sincérité, D… l’éclaire sur les événements à venir.
Comme dit le passouk : « veayou eneha rooth eth zoreh’a », « Tes yeux regardent tes maîtres ».
Dans le brouillard dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui, comme il est difficile d’y voir clair. La sérénité que procure le maître de Torah à tous ceux qui l’écoutent, méritait je crois d’être rappelée à l’occasion de Pourim, comme un enseignement que l’exil allait cultiver pour nous permettre d’arriver jusqu’à nous.
Pourim sameah !
Rav Yakov Sitruk